mai 20, 2024

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« Mangez de tout avec modération » : les trucs et mensonges de l’industrie agroalimentaire

Les packages sont soigneusement conçus en utilisant des tactiques agressives pour extorquer de l’argent à l’acheteur. La publicité teste souvent les limites de ce qui est permis. Même le dernier paquet de chewing-gum s’est retrouvé sur l’étagère du magasin pour une raison.

Lorsque nous mettons un gros sac de chips dans un panier, nous pensons que cette étape est le résultat d’une liberté de choix. Cependant, comme l’écrit El Pais, ce que nous ne savons pas, c’est que la stratégie de l’industrie alimentaire pour influencer notre alimentation va beaucoup plus loin.

La grande victoire de l’industrie, c’est d’avoir su véhiculer auprès du grand public des idées erronées qui sont désormais si bien ancrées que personne ne les remet en cause.

« Il n’y a pas de bons et de mauvais produits. » « Il faut tout manger avec modération. » « Votre alimentation doit être variée et équilibrée. » « Le problème n’est pas ce que nous mangeons, mais que nous ne bougeons pas beaucoup. »

Selon une analyse d’un journal espagnol, ce sont quelques-uns des clichés alimentaires qui ont réussi à s’imposer dans le monde entier, transcendant les frontières et les clivages sociaux.

« Il est dans l’intérêt des entreprises alimentaires de faire croire aux gens qu’il n’y a pas de « bon » aliment (à moins qu’il ne s’agisse de leurs produits), qu’il n’y a pas de « mauvais » aliment (surtout pas le leur), que tous les aliments (surtout le leur) peuvent être inclus dans une alimentation saine et que l’équilibre, la variété et la modération sont la clé d’une alimentation saine – ce qui signifie que des conseils pour limiter tel ou tel aliment ne sont pas nécessaires », a expliqué la chercheuse en nutrition Marion Nestlé dans son livre « Food Policy », publié en 2002.

Ainsi, si des expressions comme « moins c’est plus » ou « éviter » et « restreindre » sont compréhensibles et ne laissent aucune place à des interprétations erronées, elles ne sont néanmoins pas particulièrement utilisées en matière de nutrition. Si les experts disaient « essayez de ne pas manger (quelque chose) », tout le monde comprendrait exactement ce qu’ils voulaient dire.

Mais aujourd’hui, on utilise délibérément des expressions difficiles à quantifier et qui laissent place à différentes interprétations. Mangez avec modération », « la variété est importante, mangez un peu de tout ».

De telles phrases donnent aux consommateurs l’illusion qu’ils ont la possibilité de faire leur propre choix sans aucune instruction.

Mais lorsque l’instruction « manger avec modération » retentit, chacun décide par lui-même quelle est cette modération. Mais en pratique, chacun estime que sa propre consommation est inférieure à l’acceptable.

Bien sûr, cela n’aide pas que, si vous regardez autour de vous, tout le monde mange mal. « La mauvaise nutrition est devenue tellement normalisée qu’une bonne nutrition s’appelle un régime », note El Pais.

Quant à l’idée de diversité alimentaire, elle avait peut-être du sens il y a quelques décennies, lorsque les supermarchés n’existaient pas et que les gens ne mangeaient que ce qu’ils pouvaient trouver à l’épicerie ou dans leur jardin. Mais aujourd’hui, les magasins proposent des dizaines de milliers d’options.

Et tandis que la diversité a augmenté dans les aliments frais, les aliments super-transformés ont vraiment élargi le choix, et c’est là que les entreprises peuvent innover.

Selon le chercheur Dariusz Mozaffarian, qui a publié l’étude Everything in Moderation – Dietary Diversity and Quality, Central Obesity and Diabetes Risk, « Manger tout avec modération dans l’alimentation moderne est en fait pire que de manger une petite quantité d’aliments sains ».

Quant à l’idée que vous pouvez manger tout ce que vous voulez tant que vous vous rattrapez avec de l’exercice, Marion Nestle, dans son livre The Ugly Truth, a écrit que c’est le résultat de la tentative de The Coca Cola Company de blâmer l’augmentation de l’obésité. sur le manque d’exercice plutôt que sur le rôle des aliments riches en sucre, comme les boissons gazeuses.



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