L’intelligence artificielle lira nos pensées et les exprimera à voix haute

Un essai clinique réussi en Californie promet des applications utiles de l’intelligence artificielle dans les soins de santé, même s’il existe des inquiétudes.

Un scénariste ou un écrivain de science-fiction y penserait sûrement. Mais les scientifiques en technologie rendront cela possible. L’intelligence artificielle peut déchiffrer les pensées et mettre des mots sur ce à quoi une personne pense.

Le cerveau a toujours été une source d’inspiration pour les scientifiques en intelligence artificielle : des milliards de neurones travaillent ensemble pour nous aider à penser, voir, entendre et mémoriser. Ils en sont désormais très proches, selon Yalta Mohsenzadeh, professeur d’informatique à l’Université de Western Ontario (Canada), dans un article publié dans le prestigieux magazine canadien Maclean’s.

résultats des avancées technologiques ont été démontrées expérimentalement sur la Canadienne de la Saskatchewan Ann Johnson, qui a subi un accident vasculaire cérébral à l’âge de 30 ans qui l’a rendue incapable de parler. En 2023, dans le cadre d’un essai clinique mené en Californie, des scientifiques ont placé plus de 200 électrodes à l’intérieur de sa tête, dans la zone du cerveau responsable de la parole. « Le port connecté à l’ordinateur a permis d’utiliser un algorithme d’intelligence artificielle qui utilise diverses techniques d’apprentissage profond pour interpréter son activité neuronale. »

Selon Mohsenzadeh, « Anne était capable de communiquer clairement avec son mari grâce à un « avatar » qui parlait comme elle pensait. Nous savions que l’IA lisait correctement ses pensées car les chercheurs testaient sa capacité à reproduire des informations contrôlées. Ils disposaient d’un ensemble de phrases contenant une vaste gamme de sons.

Les experts ont montré ces phrases à Anne et lui ont fait répéter encore et encore dans sa tête pour apprendre à l’algorithme à reconnaître quel signal cérébral correspond à quel son. Après avoir entraîné l’algorithme, les scientifiques l’ont testé en temps réel. L’Avatar a alors dit ce qu’Anne pensait.

Selon Mohsenzadeh, actuellement cette technologie peut traiter environ 78 mots par minute. Elle est capable de dire plus que quelques simples mots. Il contient 39 sons différents qui sont utilisés pour former les mots et les phrases souhaités par Ann.

Cependant, selon un professeur de technologie de l’information, elle pas encore prêt à l’emploi aux patients qui ne peuvent pas parler. « Bien que toutes les personnes partagent certains traits communs en termes de fonctionnement cérébral et de traitement de l’information, une grande partie de l’activité cérébrale est unique à chaque individu et change tout au long de la journée. Une autre limite de ce travail est qu’il doit être réalisé dans un environnement contrôlé puisque le dispositif est implanté directement dans la tête du patient. »

Dans le laboratoire de Mohsenzadeh, ils montrent des vidéos ou des images aux gens tout en enregistrant leur activité cérébrale à l’aide de capteurs portables placés sur leur crâne, sensibles aux minuscules changements des champs électriques. Ils utilisent ensuite l’intelligence artificielle pour décoder la vidéo ou l’image qu’ils voient.

« Nous avons découvert que nous pouvions déterminer avec succès ce qu’une personne regardait et ainsi révéler la dynamique neuronale complexe et les processus cérébraux qui créent notre perception de base du monde visuel », explique l’expérimentateur.

Pour Mohsenzadeh, atteindre le point où l’intelligence artificielle peut « lire dans nos pensées » ou contrôler nos ordinateurs avec nos pensées n’est plus de la science-fiction. « Ce n’est pas vraiment quelque chose qui arrivera dans 100 ans, mais il est possible que nous nous verrons cela dans les dix prochaines années« , déclare le scientifique canadien avec assurance.

Mohsenzadeh pense que le jour viendra où nous pourrons traduire et répondre automatiquement à un étranger parlant sa langue maternelle. Nous arriverons même au point où nous pourrons contrôler un véhicule avec nos pensées..

« Bien sûr, tout cela reste encore théorique. Cela nécessitera de combiner des capteurs et des algorithmes d’intelligence artificielle qui effectuent déjà des traductions linguistiques ou conduisent des voitures autonomes. Mais cela montre quels horizons passionnants cette technologie peut ouvrir », note l’expert.

Bien entendu, le professeur d’informatique de l’Ontario prévient qu’il y a certains problèmes à considérer lors de la réalisation de ce type de recherche. Par exemple, la lecture des impulsions cérébrales peut également aider les entreprises à développer des publicités ciblées. Et que feront les sociétés de lecture d’esprit avec ces informations ? Nous devons garantir la confidentialité, la sécurité des données et le consentement. Cela ressemble aux problèmes éthiques auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Il est peu probable que quiconque souhaite que quelqu’un (le mauvais) lise nos pensées.

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